BRETAGNE 1944 :"Il y a 60 ans...Du ciel ............................au Combat : la Libération !" |
Il
y a tout juste 60 ans, les opérations pour la Libération
de la France ont incontestablement débuté en Bretagne
dans cette fameuse nuit du 5 au 6 juin 1944, même si les effectifs
engagés à ce moment là étaient trés
réduits par rapport aux effectifs alliés qui se dirigaient
vers la Normandie toute proche. Nos S.A.S sautèrent tout d'abord
sur le Morbihan et les Côtes du Nord...
|
M ESSAGES DESTINES AUX F.F.I POUR L'EXECUTION DES PLANS" VERT" & "ROUGE" |
|
(1)*
- LES STICKS DU JOUR J :
|
|
(2)*COMPOSITION
DES COONEY PARTIES & OBJECTIFS : Chargées de sabotages divers
en particulier sur les voies de communications ( ponts, voies ferrées,
tunnels, ligne téléphoniques etc...)et ce sur les départements
bretons des Côtes du Nord, du Morbihan de l'Ile et Vilaine plus
la Loire Atlantique en une large bande nord ouest-sud est (voir
carte ci dessous)dans le but de désorganiser les forces
ennemies en place et surtout de l'empêcher d'envoyer des renforts
vers le front de Normandie. Mission: effectuer les destructions prévues
et celles qui pourraient être executées en complement,
eviter à tout prix le combat et rejoindre, à l'issue,
les zones de regroupement prévues.
Appareil
ALBEMARLE ayant parachuté les 18 "Cooneys" |
|
4thSAS - 2è
R.C.P "Cooney Parties": PIERRE 401: Viaud Jean(LT) Carro Roger, Goardon Yves - V.F entre St Brieuc et Guingamp - C du N 22 PIERRE 402: Roquemaure Jean(SGT) Desmoulins Pierre, Perrachon Louis - V.F entre Lamballe et Causnes - C du N 22 PIERRE 403: Fauquet Philippe(ASP) Bidault René, Fadda Pascal - V.F entre Lamballe et Dinan - C du N 22 PIERRE 404: Appriou Jean(S/LT), Cerillo Julio, Le Duizet Auguste - V.F entre La Bohinière et Dinan- C du N 22 PIERRE 405: Carré Jacques(SGT), Héritier François, Thomas Jean -V.F entre La Bohinière et Rennes- I et V 35 PIERRE 406: Varnier André(S/LT), Aubert Pierre, Guyon Raymond, Kieffer Guy, Materne Pierre - V.F entre Messac et Rennes- I et V 35 PIERRE 407: de Camaret Michel (S/LT), Cochin Denys(S/LT), Collobert Joseph, Détroit Jacques(SGT), Nunès Achille V.F (tunnel) entre Messac et Redon - I et V 35 PIERRE 408: Tisné François(LT), Bernard Robert, Pérlès Max - V.F entre Redon et Chateaubriand - Loire Inf 44 PIERRE 409: Nicol Francis(S/C)Courant Georges, Lifsniack Félix - V.F entre Redon et Pont Chateau - Loire Inf 44 PIERRE 410: Mairet Louis(LT), Bourrec Pierre, Tauzin Félix - V.F entre Redon et Questembert - Morbihan 56 PIERRE 411: de Kerillis Alain(S/LT), Morizur Ambroise, Terrisse René - V.F entre Questembert et Vannes - Morbihan 56 PIERRE 412: Brès Michel(S/LT), Briand Georges, Plat Jean-Jacques - V.F entre Ploërmel et Messac - Morbihan 56 PIERRE 413: Mendès-Caldas Jacques(SGT), Harbinson Frédéric, Serra Jean - V.F entre Ploërmel et Messac - Morbihan 56 PIERRE 414: Larralde Gualberto(CNE), Hartmanshenn Jean, Navailles Gaston - V.F entre Auray et Pontivy - Morbihan 56 PIERRE 415: Corta Henry(ASP), caporal André Bernard, Folin Francis - V.F prés de Loyat, village de Trégadoret sur la rivière l'Yvel (région de Ploërmel-Morbihan) PIERRE 416: Legrand Michel(S/LT), Boutinot Roger, Deborre Albert - V.F entre St Meen et Loudéac - Morbihan 56 PIERRE 417: Fernandez Roger(S/LT), Biernat César, Vazeille Roger - V.F entre Loudéac et Saint-Brieuc - C du N 22 PIERRE 418: de Mauduit Henry (CNE), Créau Noël, Violland Armand - V.F entre Loudéac et Carhaix - C du N 22 V.F = voie ferrée. |
CARTE DE BRETAGNE AVEC RESEAU ROUTIER & FERRE DE 1944 - Chaque "Cooney-Partie" est représentée par une pastille bleue et son chiffre d'identification |
(3)* -
LES OPERATIONS "GROG & "LOST" : L' Opération
"Grog" couvre la mise en place des deux bases S.A.S
"Samwest" dans les Côtes du Nord et "Dingson"
dans le Morbihan et les opérations qui suivent dont l' intervention
des 18 "Cooney Parties".
La dispersion successive des deux Bases les 12 et 18 juin, qui prouve l'extrême difficulté d'implanter des dispositifs trop étoffés au coeur de territoires fortement occupés provoque la cessation de cette opération. Elle se déroula du 5 au 20 juin 1944. L'Opération "Lost" lui fait suite. Elle est décidée par le Commandement des S.A.S et confiée au Capitaine Déplante. Elle provoque l'envoi sur place d'un Officier Britannique de liaison, le Major Carry Elwes de l'E.M-S.A.S. Elle démarre le 22 juin. Elle a pour but, le receuil des éléments dispersés provenant de "Samwest" aux ordres du Capitaine Leblond qui n'ont pû rejoindre Saint-Marcel, la réorganisation des effectifs et les décisions à prendre pour de futures actions ainsi qu'une prévision d'un éventuel second débarquement en Bretagne vers Port Navalo et l'estuaire de la Villaine ainsi que la conquête des ports. Elle entrainera le parachutage d'équipes radios, le largage et le "poser" par planeurs du reste du Squadron Jeeps. |
(4)* - LA BATAILLE DE SAINT-MARCEL : |
Au moment ou
Pierre Marienne et son stick se posent à Plumelec, une grande
activité, contingentée, rigoureuse et efficace se déroule
plus à l'Est entre les communes de Serent et Saint-Marcel sur
les Landes de Lanvaux.
En effet, la Résistance Morbihannaise a installé un véritable camp retranché servant de centre mobilisateur sur ces deux communes (500ha environ) d'où sont recensés, organisés, équipés au moins sommairement les volontaires. Ce camp dont le P.C est installé à la Ferme de la Nouette sur le territoire de Serent, dispose d' infrastructures de type "militaires" - secrétariat, liaisons radios, armurerie, atelier de confection, garage, infirmerie, nourriture, ravitaillement divers,Transport, etc... Une D.Z (zone de parachutage) "Baleine" a été homologuée depuis février 1943 par le B.O.A. Elle se trouve à quelques centaines de mêtres de la Nouette, bien protégée par des lignes d' arbres touffus et des sous-bois. En fait, elle n' est visible que du ciel. Plusieurs parachutages y ont été effectués jusqu'en mai 1944. Malgré cela les S.A.S seront largués "blind" c'est à dire ni acceuilli par un comité de reception, ni sur une D.Z homologuée! Un bataillon F.F.I doit être présent en permanence sur place, les autres sont dispersés mais maintenus en état d'alerte avec un préavis trés court de regroupement. La mobilisation est déclenchée le 5 juin suite aux messages reçus de Londres. Une partie des effectifs devra éxecuter le "plan vert" identique à celui des "Cooney-Parties". Le reste, au Jour J, le "plan rouge" actions de guerillas. Ce dispositif est aux ordres du Colonel "Morice" - Chenailler- Chef des F.F.I du Morbihan soit envi ron 3500 hommes. Voilà donc ce que découvre Pierre Marienne en arrivant à la Nouette le 7 juin. Du 8 au 17 juin, veille de la bataille, l'activité du camp peut se résumer par : - préparation d'une action commune S.A.S - Résistance. Encadrement et instruction des volontaires avant l'envoi en mission. - forts largages quotidiens (de nuit) de logistique, armement et munitions afin d'équiper les bataillons présent sur le Camp - plus de 2500 hommes seront effectivement équipés avant le 18 juin. - parachutage des renforts S.A.S par groupes, dont le Commandant Bourgoin et son E.M dans la nuit du 9 au 10 juin. - récupération des sticks "Cooney-Parties" sur la Base établie à Saint-Marcel et des éléments de "Samwest" qui peuvent rejoindre aprés leur dispersion. - largage pour la première fois sur le théatre européen de 4 jeeps armées dans la nuit du 17 juin. - réalisation d'opérations de guérilla depuis la Base. Toujours fidèle, ils larguent sans répit! Le 18 juin, se trouvent sur le camp 200 parachutistes de l'Etat Major et de la 2è Compagnie (2è Squa dron)du 4è B.I.A et quelques 2500 F.F.I. formant principalement les 2è, 8è et 9è Bataillons F.F.I , ( voir carte ci-dessous ). La présence des paras galvanise les coeurs et les esprits, les Résistants ne sentent plus seuls et isolés d'autant que l'ennemi se fait prudent depuis les parachutages du début juin. Sabotage de voie par une équipe SAS - Résistants... La bataille les unira également le 18 juin 1944 |
C' est le 18
juin vers 5 heures du matin que la bataille va se déclencher...
Nous allons la résumer. Deux véhicules légers d'une
patrouille de Feldgendarmerie (790) empruntent la route Malestroit-Serent
et passent donc au coeur du dispositif français (incident presque
identique à celui de "Samwest"). Elles se heurtent
à un barrage S.A.S-F.F.I où se trouve d'ailleurs le Lieutenant
Marienne qui va devenir le véritable héros de cette journée.
Les F.M Bren et Stens tirent de tous leurs chargeurs. Un véhicule
est stoppé. Le deuxième, franchit le barrage mais tombe
sur une seconde position où il est pris par un tir de PIAT, qui
rate le véhicule mais le stoppe également, les rafales
abattent les occupants qui se défendent tuant un français
et en blessant deux autres. Un feldgendarme qui arrive à s'enfuir
donne l'alerte à Malestroit.
Vers 8h30, le bourg de Saint-Marcel est investi par une Compagnie qui se déploie ensuite vers la ferme de Bois Joly. Une demi heure aprés, Les allemands parviennent à cerner une position française de F.M et abattent les 4 ocupants ainsi qu'une jeune bergère, mais la riposte française d'un peloton S.A.S encadrant une unité F.F.I, oblige le dispositif à se replier en laissant sur le terrain de nombreux morts et blessés. A partir de ce moment, l'étau ne se relachera plus. A 10 heures nouvelle attaque allemande. Cette fois-ci, ils lancent deux Compagnies vers le Chateau de Ste Geneviève qu'ils croient être le P.C français. Ils sont appuyés par des mortiers. Une fois de plus, les français, par des tirs précis d'armes automatiques stoppent dans les champs de blé et les prairies toute progression. A midi c'est le repli et là encore les pertes ennemies sont trés importantes. Profitant de l'accalmie, on évacue les blessés au moyen des jeeps. A 14 heures, troisième attaque sur un front de 2.500 mêtres environ. L'étau se resserre un peu plus encore. Georgiens, Paras de la division "Kreta", et fantasins de la 275è D.I coordonnent un mouvement d'encerclement englobant un large périmêtre nord-est sud-ouet. Les S.A.S se battent à la grenade. Les bois sont en feu. Vers 15h 30, un "Squadron" (505è, 506è, 507è Groupes) de Chasseurs Bombardiers "Thunderbolt" effectue un "close air support" et deverse un feu ininterrompu pendant plus d'une heure dispersant le dispositif ennemi. Mais à court de carburant et de munitions, les appareils doivent quitter le lieu d'engagement. Malgré la puissance particulière de ces bombardements, l'ennemi se ressaisit trés vite. Des renforts ne vont cesser d' arriver sur place et les pertes ennemies continuent à s'alourdir alors que les français résistent à la pression subissant pourtant l'anéantissement de certaines de leurs positions. Les pertes françaises sont sensibles. S.A.S et F.F.I contre-attaquent chaque fois que c'est possible pour tenter d'aérer le périmêtre. Leur courage et leur fougue sont déterminant et permettent de tenir encore. Les F.M Brens et les mortiers servis par les paras et les résistants sèment la mort dans les rangs ennemis. Les français contrairement aux Divisions Aéroportées britanniques ne possèdent pas l'éventail d' armes lourdes nécessaires à mener un combat d' infanterie classique. Entre 18 et 20 heures, on note l'arrivée de troupes fraîches résolues à "liquider" la situation. On se bat partout...aux Hardy-Behellec...à l'Abbaye...au Bois Joly...A l'acharnement et à l'extrême violence des allemands répond la détermination de se battre efficacement jusqu'au décrochage qui a été décidé. A 22heures, sous la pluie et sous la protection d'un dispositif qui permet le repli tout en laissant supposer à l'ennemi que rien ne bouge, c'est 2000 hommes et une longue file de véhicules qui dans l' ordre quittent le camp en direction de Serent et La Ville Quélo. Les dépots d'armes et de munitions - 3 tonnes environ- explosent sous les charges placées par le Commandant Puech-Samson lui même. Il était temps car le lendemain, l'artillerie lourde amenée en renfort aurait anéanti la totalité du camp et de ses défenseurs. La leçon a été rude pour l'ennemi. Ses pertes immenses n'ont jamais pû être évaluées avec précision. Les français ont perdu 6 parachutistes, 23 F.F.I et 1 civil. Hélas, dans les jours qui suivirent la repression sur les populations locales fut terrible. Les bandes georgiennes, la Milice, la Gestapo et même les troupes régulières firent usage de la torture, et d'une rare violence. Même les blessés ne furent pas épargnés. Le bourg de Saint-Marcel fut presque entièrement incendié. L'ordre du Brigadier General parvenu le 17 juin à St-Marcel " Evitez bataille rangée, cachez vous et reprenez les sabotages" etait plus que jamais d'actualité. Le "Bataillon du Ciel" quatre ans jour pour jour aprés l 'Appel fatidique du Général de Gaulle venait de montrer avec la Résistance de Bretagne, que la France savait reprendre sa place dans l' honneur et par les armes. L' ennemi allait tout mettre en oeuvre pour leur faire payer trés cher. |
Trois paras S.A.S du 2è R.C.P à Saint-Marcel. |
L'insigne des F.F.I du Morbihan. |
Bourgoin, Deplante,Puech-Samson et de Mauduit à Vannes - Aout 1944 |
Tireur au P.I.A.T - Au centre, une posi tion en bordure de route |
Contact radio avec Londres |
Dans le bourg de St-Marcel détruit mais libéré, première cérémonie des "couleurs" |
(5)* - L'OPERATION
DERRY - LIBERATION du FINISTERE : Elle est réalisée par
le 2è Squadron (2è Cie) du
3è R.C.P du 3 au 18 aout 1944 du Capitaine Sicaud.
7 Officiers, 3 S/officiers et 72 hommes. C' est la première mission accomplie par le 3è S.A.S. Son but est d' opérer sur le Finistère afin de sécuriser et faciliter l' avance Alliée vers Brest et les ports, en particulier en protegeant des ouvrages d'art à Morlaix et Plougastel qui ne doivent pas être détruits par l' ennemi sous peine de freiner ou stopper l' avance alliée; puis en poussant des reconnais sances sur les itinéraires qu'empruntent les Divisions U.S ( 4è et 6è D.B ). Elle se décompose en "Derry1"-5 sticks-, "Derry 2" -1stick- et "Derry 3" -2sticks-, largués la nuit du 4 au 5 aout par des Stirlings ayant décollé de Fairford vers 22h40. Les parachutages s'effectueront entre 0h30 et 1 heure du matin. La mission impartie à "Derry 1" est de faire mouvement en avant garde des "forces U.S" vers Brest ( reconnaissances d'itinéraires, contact avec la Résistance, évaluation des forces ennemies...), celle de "Derry 2" empécher à tout prix la destruction du viaduc de Morlaix, celle de "Derry 3" étant d'empécher la destruction du Pont de Plougastel vital pour l'avance alliée. Elle touche les villes de Morlaix, Carantec, Daoulas où siégait la Kommandantur attaquée au cours d'un raid épique par les S.A.S, Landerneau, Plabennec, Ploudaniel, Plouegat, Plounevez, Gouesnou aux portes de Brest.* Les S.A.S feront jonction avec les F.F.I du "Maquis de St-Laurent" à Plouegat-Guérand et ceux du mouvement "Libération Nord". Les D.Z se situent respectivement à: - Derry 1 : Ploudaniel -sticks Cne Sicaud, S/lt Duno,S/lt Rosset-, Lanhouarneau- stick S/lt Puydupin (Trofagan), vers Gouenou -stick S/Lt Gourkow- - Derry 2 : St-Jean du Doigt -stick Lt Quelen- - Derry 3 : Langristin-Kerneis à proximité de Plouvenez-Lochrist --stick S/lt Anspach- à cause d'une erreur de navigation due aux tirs de D.C.A et Lesneven, St-Urbain (Runaher) -stick Lt Tupet Thomé- à cause d'une erreur de largage de 10 kms environ par rapport à la D.Z prévue. * Une équipe Jedburghs "Team Hilary" en place depuis fin juillet participe aux opérations. Cette opération se soldera par 4 paras tués et trois blessés. Tous les objectifs fixés sont atteints. Le bilan est d'une centaine d'ennemis tués, plus de deux cents étant faits prisonniers, destruction de deux chars et de nombreux véhicules, capture d'une unité de D.C.A avec ses pièces et ses projecteurs à longue portée, destruction de réseaux de téléphonie sous terrains. Cinq villes sont libérées par les S.A.S : Lesneven, Le Folgoet, Landerneau, Carantec et Plabennec. L'opération se termine par des reconnaissances du secteur de Lorient, aprés quoi, la 2è Compagnie se regroupe à Vannes avant d'être embarquée à Arromanches. Sitôt arrivée en Angleterre elle est mise en alerte pour une nouvelle opération :"Abel" en Franche-Comté où elle sera de nouveau parachutée quelques semaines aprés...** |