l'insigne de béret des françaisBRETAGNE 1944 :"Il y a 60 ans...Du ciel ............................au Combat : la Libération !"

Il y a tout juste 60 ans, les opérations pour la Libération de la France ont incontestablement débuté en Bretagne dans cette fameuse nuit du 5 au 6 juin 1944, même si les effectifs engagés à ce moment là étaient trés réduits par rapport aux effectifs alliés qui se dirigaient vers la Normandie toute proche. Nos S.A.S sautèrent tout d'abord sur le Morbihan et les Côtes du Nord...
La campagne de Bretagne fut longue et difficile, elle entraina des pertes sévères dans nos rangs, elle fut empreinte de beaucoup de cruauté de la part de l'ennemi et de ses collaborateurs français, de trahisons, de représailles et de massacres d'innocents... Les bretons retrouvèrent la Liberté mais à quel prix! Soldats de la France de l'intérieur (F.F.I) et soldats de la France de l'extérieur venus du ciel luttèrent au coude à coude, frêres qu'ils étaient pour ce combat glorieux, scellant dans le sang l'union des deux forces vives de la Nation de nouveau au combat.
Les deux Régiments S.A.S français y auront participé avec fougue,foi,allant courage et abnégation.


Le Morbihan, puis quelques instants aprés, les Côtes du Nord, ont reçu les tous premiers soldats alliés engagés dans le processus de Libération de l'Europe du Nord et de la France au travers de 2 missions, respectivement "Dingson" et "Samwest" (1)* comprenant chacune deux sticks, répartis en deux demi-sticks, aux ordres chacun d'un Lieutenant chargés:
Précisons que leurs missions sont définies par la note N° 9 -Ordre d'Opération du 21 mai 1944 signée par le Général Mac Leod Commandant la Brigade S.A.S. Celle ci seront affinées et précisées au dernier moment quelques heures avant l'envol...
*de renseigner le Haut-Commandement sur les forces ennemies présentes,
*de s'assurer de la capacité de la Résistance locale (trés active, mais les renseignements commu
niqués au départ de la mention n'en faisait pas état
),
*de préparer l'arrivée de 18 missions suivantes, les"Cooney-Parties" (2)*nuit de J+1 à J+2 (celle ci étant chargées principalement du sabotage des voies de communications routières, ferrées et des réseaux de téléphonie sur les 3 départements bretons et la Loire Atlantique, visant à fixer sur place les forces ennemies estimées à 150.000 hommes regroupées en Divisions de combat et Unités de positions et de défense du secteur pour les empêcher d' effectuer des mouvements vers le front de Normandie), et d'assurer leur récupération à l' issue de leurs missions. Pas d'actions cependant sur le Finistère pour l'heure.
*de préparer le parachutage et l'aérotransport éventuel, par planeurs du reste du Bataillon et de ses véhicules de combat, sur des "Bases" préalablement installées et défendues bien que situées au coeur de territoires occupés opération "Grog"(3)* .
Ces premiers soldats alliés étaient des Français. Ils auront hélas le redoutable honneur de perdre le premier mort du Débarquement, le Caporal Emile Bouétard, tombé au Champ d'Honneur, leur mission étant "de première importance pour la réussite du plan Overlord..."selon Eisenhower lui même. L'ennemi ne sousestime pas ces hommes et Radio-Paris (de propagande collaborationniste) les désigne comme "des sanguinaires au béret noir"; les premiers bérets amarantes n'arrivant dans leurs caisses qu' aprés la libération de la région.
Ils appartenaient aux Forces Aériennes Françaises Libres et dépendaient du fameux "Special Air Service": 4è B.I.A (Bataillon d'Infanterie de l'Air) -4th Bat de la Brigade S.A.S. qui allait devenir le 2ème R.C.P à compter du 1er juillet 1944.
........................................... Emile BOUETARD.........................

C'est la Base "Dingson" dans le Morbihan qui sera incontestablement la plus importante et qui deviendra légendaire, par le fait que "Samwest"dans les Côtes du Nord sera rapidement dispersée et que "Dingson" se situait sur le camp dit de "Saint-Marcel" regroupant en fait les communes de Serent (Ferme de la Nouette...), le village de Saint-Marcel et ses alentours immédiats là où eut lieu le 18 juin 1944, la fameuse bataille (4)* et où les activités S.A.S et Résistance furent particulièrement importantes ( parachutages d'hommes , largages de logistique diverse, départ des actions, regroupe ment des missions, récupération des "cooney parties"et des éléments de "Samwest"etc... )
En aout suivant, ils furent renforcés par le 2è Squadron du 3è R.C.P opérant dans le Finistère qui n' avait jusque là, pas été engagé -opération "Derry"-pour faciliter l'avance de la 3ème Armée U.S, qui libérait le reste de la Bretagne vers le nord-ouest. (5)*

Parachutage d'un stick sur " Baleine " . Le terrain avait homologué dés 1942 et utilisé plusieurs fois


On peut distinguer dans cette campagne qui dura de juin à fin août 1944 avec des temps forts jusqu'à l' arrivée des Forces US début aout, deux grands moments:
*Du 5 au 18 juin, les S.A.S sont maîtres du terrain dans le Morbihan. Dans les Côtes du Nord, malgré la dispersion de "Samwest" le 12 juin, des S.A.S souvent issue des "Cooney Parties" restent sur place et organisent ou encadrent et aident la Résistance. L'effet de surprise joue et l'ennemi jauge difficilement quelle force il a en face de lui. La lecture des Journaux de Marche pris à l' ennemi lors de la Libération est édifiante ! Il s'enferme sur ses positions et n'opère qu'en défensive. Les sabotages des 18 "Cooney Parties" ainsi que les diverses actions offensives réalisées par ailleurs (embuscades, coups de mains, sabotages...) ainsi que les volumineux parachutages réguliers, pratiquement chaque nuit, renforcent son sentiment d'insécurité. Il y eut jusqu'à 700 containers largués en une nuit et seulement la nuit du 11 juin, la météo défavorable ne permit pas de largage.C'est une des zones en France où il y eut le plus de parachutages!
*Aprés la bataille de Saint Marcel, l'ennemi s' affermit, dispose de renseignements plus exacts, évalue plus clairement la situation et il se venge, se livrant alors à une chasse sans merci contre les S.A.S, la Résistance mais aussi contre les populations locales coupables à leurs yeux d'aider les "terroristes", aidé en cela par les troupes de l' Est et des français collaborateurs, de la Milice et de la Gestapo dont le zèle odieux (tortures, massacres, violences diverses et acharnées) sera à la mesure de leur désespérance, car ils savent leur combat inutile et perdu d'avance devant l'immense effort allié. La courageuse Bretagne vivra des heures trés sombre pour recouvrer sa liberté.
Malgré tout cela,elle s'auto-libérera en grande partie, à la surprise des Alliés qui y pénètrent début août. La formation particulière que les S.A.S ont reçu, la guerre spéciale qu'ils mènent et cette capacité à agir seuls même étant coupés de leur unité, donne de trés bons résultats. Souvent on verra des hommes rejoindre le Régiment, qui les considérait comme perdus, une fois la libération réalisée et avec de trés beau bilans à leur actif ! Les S.A.S utilisèrent ici tous les moyens de la 3ème dimension: para chutages, aérotransports, posés par planeurs, support aérien. C'est là également qu'on verra le premier engagement des fameuses "jeeps armées" en Europe. D' abord 4 jeeps parachutées sur St-Marcel dans la nuit du 17 au 18 juin puis l'arrivée de tout le "Squadron Jeeps" mis en place soit par parachutages, soit par posés de planeurs.

La Bretagne fut l'opération la plus importante des S.A.S français, par son contexte, son déroulement et ses péripéties, son intensité dramatique et ses résultats. Elle valut au 2è R.C.P surnommé alors le "Bataillon du Ciel" de gagner la Croix de Compagnon de la Libération et à ses hommes de porter directement sur la poitrine les " ailes S.A.S", car elle fut considérée par le Commandement comme plus longue et plus périlleuse que 3 missions normales. Les S.A.S du 2è R.C.P dont l' effectif sur place fut de 430 hommes ont subi en deux mois des pertes établies à 77 tués et 192 blessés dont certains ont gardé de trés graves sequelles leur vie durant.Ceux du 3è R.C.P ont perdu à leur tour 4 tués et 3 blessés...


M ESSAGES DESTINES AUX F.F.I POUR L'EXECUTION DES PLANS" VERT" & "ROUGE"

La Bretagne de 1944... le fameux béret noir de Bretagne
La Bretagne de 1944, à droite le fameux béret noir porté en Bretagne

(1)* - LES STICKS DU JOUR J :
Partis de la Base secrète de Fairford dans la soirée du 5 juin chacun à bord de deux Stirlings empruntant les couloirs de vol des bombardiers. Les 2 sticks sont scindés en deux, chacun aux ordres d'un Lieutenant, de façon à se donner plus de chance de parvenir sur les zones prévues et ainsi faciliter la réussite de la mission.
Dans quelques heures, les hommes qu'ils emportent auront sauté sur la France...Depuis la Base secrête de Fairford ( ci-dessous)


Une équipe sera parachutée en deux temps sur le Morbihan, l'autre selon le même procédé sur les Côtes du Nord. Pourtant les D.Z sont mal repérées par les équipages qui larguent au mieux c'est à dire avec des erreurs (surtout dans le Morbihan) dépassant parfois les 10 kms -cas du Lt Deplante- où rendant le stick trop visible depuis les observatoires installés sur les hauteurs par l'ennemi-cas du Lt Marienne-. Nous avons vu dans quelles circonstances ces sticks arrivèrent en Bretagne. Leur organisation est un mélange -aux ordres d'un Officier Chef de mission et d'un Officier adjoint-, d' Opérateurs radios équipés de postes "Jed-Sets" pour la reception des messages en phonie, "Midjets" pour l'émission en graphie (morse), d' "Eurekas" destinés à guider les avions des futurs parachutages et "S-phones" pour converser en clair avec les équipages de ceux-ci lors du survol des D.Z, et de Parachutistes devant assurer la protection des radios et un rôle d'agents de liaison. 3 de ces groupes comprennent 9 hommes et un 7 hommes. La mission n'est pas de combattre, ils sont trop peu nombreux et pas armés en conséquence, mais de reconnaitre et d'informer le Commandement.
Ils sont les premiers soldats alliés engagés dans l'opération "Overlord". Lorsqu'ils se posent en France, les aéroportés U.S et Britanniques volent encore vers la Normandie...Ils comptent ainsi le premier mort du Débarquement, le Caporal Emile Bouétard blessé et achevé alors que restée sur la D.Z, une partie du stick Marienne doit livrer combat pour se défendre et protéger radios et codes. Malgré une erreur de largage d'environ 11 kms le stick Déplante parachuté prés de Guéhenno arrivera à rejoindre sans encombre St-Marcel.
Dans le Morbihan, la mission réussit pleinement malgré les déconvenues de la première heure.
Les sticks Deschamps et Botella se posent sans encombre dans les Côtes du Nord en bordure de la fôret de Duault au lieu dit "Ty Coz". La première partie de leur mission sera réalisée. Ils recevront même des renforts, mais découvert à la suite d'une maladresse d'un jeune civil qui a inversé les panneaux indicateurs à un croisement, un véhicule allemand parvient en plein dispositif S.A.S--Résistants, réussit à donner l'alerte et la base "Samwest" est dispersée le 12 juin aprés un violent accrochage; On déplore 5 tués et 9 blessés, les Lieutenants Botella et Lasserre étant grièvement blessés. 8 otages civils seront fusillés. 45 tués sont à dénombrer chez l'ennemi.
Nous donnons ici leur composition exacte. Effectifs : 4 Officiers, 5 Sous-officiers, 23 hommes et 1 Officier agent du S.O.E.

4th S.A.S - 2è R.C.P - "Dingson":
MORBIHAN

INDICATIF PIERRE 1


Marienne Pierre(LT),
Bouétard Emile*, Etrich Pierre*, Jourdan F*,
Krysik François, Pams Pierre, Raufast Loïc,
Sauvé Maurice*, Contet Jean, Hunter-Hue -André-(CNE)- SOE


INDICATIF PIERRE 2

Déplante Henri(LT),
Chilou Auguste (ADJ), Paulin Jean*, Bailly Jacques*, Charbonnier Alexandre*, Treis Antoine,
Filippi Henri
* = operateur-radio

4th S.A.S - 2è R.C.P - "Samwest":
COTES DU NORD

INDICATIF PIERRE 3


Deschamps Charles(LT),
Stéphan Henri(SGT), Lorahic Jean, Debruyne Henri, Mouflin Michel, Cornaille*, Rameau Jean*, Devize Julien*, Tocaven Irénée
*


INDICATIF PIERRE 4

Botella André(LT),
Litzler Alfred (S/C), Payen Michel (SGT), Urvoy Albert, Schermesser Léon, Brossard Jacques, Chammings Georges*, Le Cudennec Albert* ,
Renaud Jean*, Richard Jean

* = operateur-radio

(2)*COMPOSITION DES COONEY PARTIES & OBJECTIFS :

Chargées de sabotages divers en particulier sur les voies de communications ( ponts, voies ferrées, tunnels, ligne téléphoniques etc...)et ce sur les départements bretons des Côtes du Nord, du Morbihan de l'Ile et Vilaine plus la Loire Atlantique en une large bande nord ouest-sud est (voir carte ci dessous)dans le but de désorganiser les forces ennemies en place et surtout de l'empêcher d'envoyer des renforts vers le front de Normandie. Mission: effectuer les destructions prévues et celles qui pourraient être executées en complement, eviter à tout prix le combat et rejoindre, à l'issue, les zones de regroupement prévues.
Les 18 sticks "Cooney-parties" dont le détail est donné ci dessous ont décollé de la Base de Brize Norton à bord de 9 appareils légers de transport "Albemarle". Ils ont été parachutés dans la nuit du 7 au 8 juin 1944 soit à J+1/J+2.

Appareil ALBEMARLE ayant parachuté les 18 "Cooneys"

Leurs indicatifs étaient "PIERRE" suivi du numéro de la série des "401 à 418".
Missions toutes et complétement réussies, malgré l' interception des sticks "402" qui dénombra aprés sa mission 1 blessé et 2 prisonniers et "405", dont le Chef fut tué au cours d'un combat inégal aprés que leur mission fut accomplie...
Les S.A.S effectuèrent en plus, de nombreux sabotages non prévus dans leurs missions initiales.
A l'issue de leur mission, les 18 sticks doivent rejoindre en fonction de leur position géographique la Base "Samwest" ou la Base "Dingson"se recompleter et renforcer les effectifs dans le cadre de la seconde partie du programme.
Leur action fut prépondérante dans la désorganisation de l'ennemi et du stress qui lui fut procuré et du fait qu'il ne put acheminer des renforts vers la Normandie.

Le tableau ci-dessous donne (dans l'ordre) l'indicatif de la mission, les participants, le type d'action et le département où la mission a eu lieu.

Embarquement d'une "Partie" Sabotage d'une voie ferrée
Dans la nuit de juin, ils embarquent pour la France avec un objectif précis...une voie ferrée, une centrale électrique...un pont ou un tunnel. 18 "sticks" vont semer la panique chez l'ennemi.
4thSAS - 2è R.C.P "Cooney Parties":

PIERRE 401: Viaud Jean(LT) Carro Roger, Goardon Yves - V.F entre St Brieuc et Guingamp -
C du N
22

PIERRE 402: Roquemaure Jean(SGT) Desmoulins Pierre, Perrachon Louis - V.F entre Lamballe et Causnes - C du N 22

PIERRE 403: Fauquet Philippe(ASP) Bidault René, Fadda Pascal - V.F entre Lamballe et Dinan -
C du N
22

PIERRE 404: Appriou Jean(S/LT), Cerillo Julio, Le Duizet Auguste - V.F entre La Bohinière et Dinan- C du N 22

PIERRE 405: Carré Jacques(SGT), Héritier François, Thomas Jean -V.F entre La Bohinière et Rennes- I et V 35

PIERRE 406: Varnier André(S/LT), Aubert Pierre, Guyon Raymond, Kieffer Guy, Materne Pierre - V.F entre Messac et Rennes- I et V 35

PIERRE 407: de Camaret Michel (S/LT), Cochin Denys(S/LT), Collobert Joseph, Détroit Jacques(SGT), Nunès Achille V.F (tunnel) entre Messac et Redon - I et V 35

PIERRE 408: Tisné François(LT), Bernard Robert, Pérlès Max - V.F entre Redon et Chateaubriand - Loire Inf 44

PIERRE 409: Nicol Francis(S/C)Courant Georges, Lifsniack Félix - V.F entre Redon et Pont Chateau - Loire Inf 44

PIERRE 410: Mairet Louis(LT), Bourrec Pierre, Tauzin Félix - V.F entre Redon et Questembert - Morbihan 56

PIERRE 411: de Kerillis Alain(S/LT), Morizur Ambroise, Terrisse René - V.F entre Questembert et Vannes - Morbihan 56

PIERRE 412: Brès Michel(S/LT), Briand Georges, Plat Jean-Jacques - V.F entre Ploërmel et Messac - Morbihan 56

PIERRE 413: Mendès-Caldas Jacques(SGT), Harbinson Frédéric, Serra Jean - V.F entre Ploërmel et Messac - Morbihan 56

PIERRE 414: Larralde Gualberto(CNE), Hartmanshenn Jean, Navailles Gaston - V.F entre Auray et Pontivy - Morbihan 56

PIERRE 415: Corta Henry(ASP), caporal André Bernard, Folin Francis - V.F prés de Loyat, village de Trégadoret sur la rivière l'Yvel (région de Ploërmel-Morbihan)

PIERRE 416: Legrand Michel(S/LT), Boutinot Roger, Deborre Albert - V.F entre St Meen et Loudéac - Morbihan 56

PIERRE 417: Fernandez Roger(S/LT), Biernat César, Vazeille Roger - V.F entre Loudéac et Saint-Brieuc - C du N 22

PIERRE 418: de Mauduit Henry (CNE), Créau Noël, Violland Armand - V.F entre Loudéac et Carhaix - C du N 22

V.F = voie ferrée.
CARTE: POSITION des 18 STICKS DE LA MISSION "COONEY-PARTIES"
CARTE DE BRETAGNE AVEC RESEAU ROUTIER & FERRE DE 1944 - Chaque "Cooney-Partie" est représentée par une pastille bleue et son chiffre d'identification
(3)* - LES OPERATIONS "GROG & "LOST" :
L' Opération "Grog" couvre la mise en place des deux bases S.A.S "Samwest" dans les Côtes du Nord et "Dingson" dans le Morbihan et les opérations qui suivent dont l' intervention des 18 "Cooney Parties".
La dispersion successive des deux Bases les 12 et 18 juin, qui prouve l'extrême difficulté d'implanter des dispositifs trop étoffés au coeur de territoires fortement occupés provoque la cessation de cette opération. Elle se déroula du 5 au 20 juin 1944.
L'Opération "Lost" lui fait suite. Elle est décidée par le Commandement des S.A.S et confiée au Capitaine Déplante. Elle provoque l'envoi sur place d'un Officier Britannique de liaison, le Major Carry Elwes de l'E.M-S.A.S. Elle démarre le 22 juin.
Elle a pour but, le receuil des éléments dispersés provenant de "Samwest" aux ordres du Capitaine Leblond qui n'ont pû rejoindre Saint-Marcel, la réorganisation des effectifs et les décisions à prendre pour de futures actions ainsi qu'une prévision d'un éventuel second débarquement en Bretagne vers Port Navalo et l'estuaire de la Villaine ainsi que la conquête des ports.
Elle entrainera le parachutage d'équipes radios, le largage et le "poser" par planeurs du reste du Squadron Jeeps.
(4)* - LA BATAILLE DE SAINT-MARCEL :
Au moment ou Pierre Marienne et son stick se posent à Plumelec, une grande activité, contingentée, rigoureuse et efficace se déroule plus à l'Est entre les communes de Serent et Saint-Marcel sur les Landes de Lanvaux.
En effet, la Résistance Morbihannaise a installé un véritable camp retranché servant de centre mobilisateur sur ces deux communes (500ha environ) d'où sont recensés, organisés, équipés au moins sommairement les volontaires.
Ce camp dont le P.C est installé à la Ferme de la Nouette sur le territoire de Serent, dispose d' infrastructures de type "militaires" - secrétariat, liaisons radios, armurerie, atelier de confection, garage, infirmerie, nourriture, ravitaillement divers,Transport, etc... Une D.Z (zone de parachutage) "Baleine" a été homologuée depuis février 1943 par le B.O.A. Elle se trouve à quelques centaines de mêtres de la Nouette, bien protégée par des lignes d' arbres touffus et des sous-bois. En fait, elle n' est visible que du ciel. Plusieurs parachutages y ont été effectués jusqu'en mai 1944. Malgré cela les S.A.S seront largués "blind" c'est à dire ni acceuilli par un comité de reception, ni sur une D.Z homologuée!
Un bataillon F.F.I doit être présent en permanence sur place, les autres sont dispersés mais maintenus en état d'alerte avec un préavis trés court de regroupement. La mobilisation est déclenchée le 5 juin suite aux messages reçus de Londres. Une partie des effectifs devra éxecuter le "plan vert" identique à celui des "Cooney-Parties". Le reste, au Jour J, le "plan rouge" actions de guerillas.
Ce dispositif est aux ordres du Colonel "Morice" - Chenailler- Chef des F.F.I du Morbihan soit envi ron 3500 hommes.
Voilà donc ce que découvre Pierre Marienne en arrivant à la Nouette le 7 juin.

Du 8 au 17 juin, veille de la bataille, l'activité du camp peut se résumer par :
- préparation d'une action commune S.A.S - Résistance. Encadrement et instruction des volontaires avant l'envoi en mission.
- forts largages quotidiens (de nuit) de logistique, armement et munitions afin d'équiper les bataillons présent sur le Camp - plus de 2500 hommes seront effectivement équipés avant le 18 juin.
- parachutage des renforts S.A.S par groupes, dont le Commandant Bourgoin et son E.M dans la nuit
du 9 au 10 juin.
- récupération des sticks "Cooney-Parties" sur la Base établie à Saint-Marcel et des éléments de "Samwest" qui peuvent rejoindre aprés leur dispersion.
- largage pour la première fois sur le théatre européen de 4 jeeps armées dans la nuit du 17 juin.
- réalisation d'opérations de guérilla depuis la Base.
Toujours fidèle, ils larguent sans répit!
Le 18 juin, se trouvent sur le camp 200 parachutistes de l'Etat Major et de la 2è Compagnie (2è Squa dron)du 4è B.I.A et quelques 2500 F.F.I. formant principalement les 2è, 8è et 9è Bataillons F.F.I ,
( voir carte ci-dessous ). La présence des paras galvanise les coeurs et les esprits, les Résistants ne sentent plus seuls et isolés d'autant que l'ennemi se fait prudent depuis les parachutages du début juin.

Sabotage de voie par une équipe SAS - Résistants... La bataille les unira également le 18 juin 1944
Plan de la bataille le 18 juin 1944 dans la journée
C' est le 18 juin vers 5 heures du matin que la bataille va se déclencher... Nous allons la résumer. Deux véhicules légers d'une patrouille de Feldgendarmerie (790) empruntent la route Malestroit-Serent et passent donc au coeur du dispositif français (incident presque identique à celui de "Samwest"). Elles se heurtent à un barrage S.A.S-F.F.I où se trouve d'ailleurs le Lieutenant Marienne qui va devenir le véritable héros de cette journée. Les F.M Bren et Stens tirent de tous leurs chargeurs. Un véhicule est stoppé. Le deuxième, franchit le barrage mais tombe sur une seconde position où il est pris par un tir de PIAT, qui rate le véhicule mais le stoppe également, les rafales abattent les occupants qui se défendent tuant un français et en blessant deux autres. Un feldgendarme qui arrive à s'enfuir donne l'alerte à Malestroit.
Vers 8h30, le bourg de Saint-Marcel est investi par une Compagnie qui se déploie ensuite vers la ferme de Bois Joly. Une demi heure aprés, Les allemands parviennent à cerner une position française de F.M et abattent les 4 ocupants ainsi qu'une jeune bergère, mais la riposte française d'un peloton S.A.S encadrant une unité F.F.I, oblige le dispositif à se replier en laissant sur le terrain de nombreux morts et blessés.
A partir de ce moment, l'étau ne se relachera plus. A 10 heures nouvelle attaque allemande. Cette fois-ci, ils lancent deux Compagnies vers le Chateau de Ste Geneviève qu'ils croient être le P.C français. Ils sont appuyés par des mortiers. Une fois de plus, les français, par des tirs précis d'armes automatiques stoppent dans les champs de blé et les prairies toute progression. A midi c'est le repli et là encore les pertes ennemies sont trés importantes. Profitant de l'accalmie, on évacue les blessés au moyen des jeeps.
A 14 heures, troisième attaque sur un front de 2.500 mêtres environ. L'étau se resserre un peu plus encore. Georgiens, Paras de la division "Kreta", et fantasins de la 275è D.I coordonnent un mouvement d'encerclement englobant un large périmêtre nord-est sud-ouet. Les S.A.S se battent à la grenade. Les bois sont en feu.
Vers 15h 30, un "Squadron" (505è, 506è, 507è Groupes) de Chasseurs Bombardiers "Thunderbolt" effectue un "close air support" et deverse un feu ininterrompu pendant plus d'une heure dispersant le dispositif ennemi. Mais à court de carburant et de munitions, les appareils doivent quitter le lieu d'engagement.
Malgré la puissance particulière de ces bombardements, l'ennemi se ressaisit trés vite. Des renforts ne vont cesser d' arriver sur place et les pertes ennemies continuent à s'alourdir alors que les français résistent à la pression subissant pourtant l'anéantissement de certaines de leurs positions. Les pertes françaises sont sensibles. S.A.S et F.F.I contre-attaquent chaque fois que c'est possible pour tenter d'aérer le périmêtre. Leur courage et leur fougue sont déterminant et permettent de tenir encore. Les F.M Brens et les mortiers servis par les paras et les résistants sèment la mort dans les rangs ennemis. Les français contrairement aux Divisions Aéroportées britanniques ne possèdent pas l'éventail d' armes lourdes nécessaires à mener un combat d' infanterie classique.
Entre 18 et 20 heures, on note l'arrivée de troupes fraîches résolues à "liquider" la situation. On se bat partout...aux Hardy-Behellec...à l'Abbaye...au Bois Joly...A l'acharnement et à l'extrême violence des allemands répond la détermination de se battre efficacement jusqu'au décrochage qui a été décidé.
A 22heures, sous la pluie et sous la protection d'un dispositif qui permet le repli tout en laissant supposer à l'ennemi que rien ne bouge, c'est 2000 hommes et une longue file de véhicules qui dans l' ordre quittent le camp en direction de Serent et La Ville Quélo. Les dépots d'armes et de munitions - 3 tonnes environ- explosent sous les charges placées par le Commandant Puech-Samson lui même. Il était temps car le lendemain, l'artillerie lourde amenée en renfort aurait anéanti la totalité du camp et de ses défenseurs.
La leçon a été rude pour l'ennemi. Ses pertes immenses n'ont jamais pû être évaluées avec précision. Les français ont perdu 6 parachutistes, 23 F.F.I et 1 civil. Hélas, dans les jours qui suivirent la repression sur les populations locales fut terrible. Les bandes georgiennes, la Milice, la Gestapo et même les troupes régulières firent usage de la torture, et d'une rare violence. Même les blessés ne furent pas épargnés. Le bourg de Saint-Marcel fut presque entièrement incendié. L'ordre du Brigadier General parvenu le 17 juin à St-Marcel " Evitez bataille rangée, cachez vous et reprenez les sabotages" etait plus que jamais d'actualité.
Le "Bataillon du Ciel" quatre ans jour pour jour aprés l 'Appel fatidique du Général de Gaulle venait de montrer avec la Résistance de Bretagne, que la France savait reprendre sa place dans l' honneur et par les armes. L' ennemi allait tout mettre en oeuvre pour leur faire payer trés cher.
Paras SAS à St-Marcel
Trois paras S.A.S du 2è R.C.P à Saint-Marcel.
Insigne FFI Morbihan

L'insigne des F.F.I
du Morbihan.
Bourgoin et son E.M
Bourgoin, Deplante,Puech-Samson et de Mauduit à Vannes - Aout 1944
Tireur au PIAT
Tireur au P.I.A.T - Au centre, une posi tion en bordure de route
Position de combat...
Contact radio
Contact radio avec Londres
Premiere prise d'armes...
Dans le bourg de St-Marcel détruit mais libéré, première cérémonie des "couleurs"

(5)* - L'OPERATION DERRY - LIBERATION du FINISTERE :

Elle est réalisée par le 2è Squadron (2è Cie) du 3è R.C.P du 3 au 18 aout 1944 du Capitaine Sicaud.
7 Officiers, 3 S/officiers et 72 hommes. C' est la première mission accomplie par le 3è S.A.S.
Son but est d' opérer sur le Finistère afin de sécuriser et faciliter l' avance Alliée vers Brest et les ports, en particulier en protegeant des ouvrages d'art à Morlaix et Plougastel qui ne doivent pas être détruits par l' ennemi sous peine de freiner ou stopper l' avance alliée; puis en poussant des reconnais sances sur les itinéraires qu'empruntent les Divisions U.S ( 4è et 6è D.B ). Elle se décompose en "Derry1"-5 sticks-, "Derry 2" -1stick- et "Derry 3" -2sticks-, largués la nuit du 4 au 5 aout par des Stirlings ayant décollé de Fairford vers 22h40. Les parachutages s'effectueront entre 0h30 et 1 heure du matin.
La mission impartie à "Derry 1" est de faire mouvement en avant garde des "forces U.S" vers Brest ( reconnaissances d'itinéraires, contact avec la Résistance, évaluation des forces ennemies...), celle de "Derry 2" empécher à tout prix la destruction du viaduc de Morlaix, celle de "Derry 3" étant d'empécher la destruction du Pont de Plougastel vital pour l'avance alliée.
Elle touche les villes de Morlaix, Carantec, Daoulas où siégait la Kommandantur attaquée au cours d'un raid épique par les S.A.S, Landerneau, Plabennec, Ploudaniel, Plouegat, Plounevez, Gouesnou aux portes de Brest.*
Les S.A.S feront jonction avec les F.F.I du "Maquis de St-Laurent" à Plouegat-Guérand et ceux du mouvement "Libération Nord".
Les D.Z se situent respectivement à:
- Derry 1 : Ploudaniel -sticks Cne Sicaud, S/lt Duno,S/lt Rosset-, Lanhouarneau- stick S/lt Puydupin (Trofagan), vers Gouenou -stick S/Lt Gourkow-
- Derry 2 : St-Jean du Doigt -stick Lt Quelen-
- Derry 3 : Langristin-Kerneis à proximité de Plouvenez-Lochrist --stick S/lt Anspach- à cause d'une erreur de navigation due aux tirs de D.C.A et Lesneven, St-Urbain (Runaher) -stick Lt Tupet Thomé- à cause d'une erreur de largage de 10 kms environ par rapport à la D.Z prévue. *
Une équipe Jedburghs "Team Hilary" en place depuis fin juillet participe aux opérations.
Cette opération se soldera par 4 paras tués et trois blessés. Tous les objectifs fixés sont atteints. Le bilan est d'une centaine d'ennemis tués, plus de deux cents étant faits prisonniers, destruction de deux chars et de nombreux véhicules, capture d'une unité de D.C.A avec ses pièces et ses projecteurs à longue portée, destruction de réseaux de téléphonie sous terrains. Cinq villes sont libérées par les S.A.S : Lesneven, Le Folgoet, Landerneau, Carantec et Plabennec. L'opération se termine par des reconnaissances du secteur de Lorient, aprés quoi, la 2è Compagnie se regroupe à Vannes avant d'être embarquée à Arromanches. Sitôt arrivée en Angleterre elle est mise en alerte pour une nouvelle opération :"Abel" en Franche-Comté où elle sera de nouveau parachutée quelques semaines aprés...**
Carantec: SAS et son prisonnier
Ci dessus, Libération de Carantec. A droite, embarquement de la 2èCie à Arromanches
Embarquement à Arromanches
* le trop long itinéraire Morlaix-Brest ne permet hélas pas, de présenter un carte parfaitement lisible.
**Le 2è Squadron (2è Cie) du 3è R.C.P est la seule Unité de la Brigade S.A.S a avoir effectué 3 sauts en opération

(6) ANNEXE:
L'ETUDE D'UNE DROP-ZONE ( ZONE DE PARACHUTAGES & DE LARGAGES)



copyright jan 2003 S@S Productions


LEGENDE: Le carré vert de 800m environ de côté représente la D.Z idéale. Le terrain est parfois plus petit. Au centre les points jaunes numérotés 1 à 4 representent le balisage lumineux nécessaire, les opérations étant réalisées DE NUIT. Entre le point 1 et le point 3 la distance est d'au moins 500m. Le premier parachute indique le début de largage et le deuxième la fin de largage. On largue toujours à contre vent. Les zones signalées "P" sont les éléments de protection chargés d'assurer la sécurité de la Zone. Un Officier muni d'un S-Phone et d'une balise Eureka (voir page radios) est en liaison phonie avec l'avion pendant toute l'approche et l'opération elle même. La zone signalée "R" représente les équipes de ramassage et de rassemblement qui soit ramassent , regroupent et évacuent les containers, regroupent également les parachutes et les détruisent soit qui accueillent les agents ou les commandos parachutés et les mênent vers une zone de sécurité.C'est la D.Z sommaire type qui est présentée ici. Cela pourrait être "Baleine" sur la commune de Sérent prés de la ferme de la Nouette où celle de n' importe quel lieu de regroupement de la Résistance disposant également d'une D.Z partout sur le territoire national-Vercors, Glières etc...
Le terrain de parachutage se choisissait avec un certain nombre de critères :
- être éloignés des postes d'observation ennemis et des voies de passage,
- être aisément repérables de nuit par les équipages des aéronefs au moyen d'une caractéristique géographique (cours d'eau, voie ferrée…),
- être situés en des lieux retirés mais au voisinage de couverts ou d' habitations amies éloignées de centres passagers, susceptibles de recevoir par la suite les containers parachutés.



Les D.Z ont eu une grande importance en Bretagne en juin 1944 car on croyait encore alors à la possible implantation de Bases S.A.S vivant et opérant au coeur de territoires tenus par l'ennemi d'où pourraient partir des actions vers les Unités ennemies du Secteur. A Serent et sur quelques D.Z du Centre de la France les S.A.S ont même largué des jeeps et les 1st et 2nd S.A.S britanniques se sont fait larguer quelques canons de 37mm et des mortiers remorqués par les jeeps armées.
Ces D.Z trés précaires, ne pouvaient avoir qu' une vie éphémère et une action limitée en évoluant ainsi au centre de zones trés tenues par l'ennemi. A Saint Marcel, la réaction "prudente" des forces ennemies a été surtout dû au fait qu'elles se croyaient face à une Division Aéroportée qui se mettait progressivement en place et ce à cause du volume quotidien de largage - jusqu'à 700 containers en une nuit- Dés la fin du combat du 18 juin 1944, alors qu'elles avaient "jaugé et évalué" l' effectif réel des parachutistes S.A.S, elles ont repris l' initiative et empeché toute implantation d'une nouvelle Base. Il reste que grâce à ces D.Z sommaires, les Forces Spéciales -S.A.S, Jedburghs, Missions Inter-Alliées diverses- ont pû rejoindre la Résistance sur place, partout en France occupée et faire livrer toute la logistique nécessaire à un combat retardateur- munitions, explosifs, ravitaillement, equipements divers- à équiper des Unités constituées de la Résistance et même faire poser des planeurs comme ce fut le cas en juillet 1944 pour le Squadron Jeeps du 2è R.C.P.

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